UNE RECONSTITUTION DU CRIME
1
— Je vais mettre la lampe près de vous avant de partir, décida Bunch. On n’y voit plus ! Nous allons sûrement avoir un orage.
Elle prit la lampe à la main pour la transférer à l’autre bout de la table, afin qu’elle éclairât l’ouvrage de miss Marple. Comme le fil, traînant sur la table, passait à sa portée, Tiglah Pileser, le chat, sauta dessus, l’attaquant furieusement des griffes et des dents.
— Tiglah Pileser ! Veux-tu bien rester tranquille !... Cette bête est terrible ! Le fil est à moitié coupé. Tu te ne rends pas compte, jeune idiot, que tu pourrais te faire électrocuter ?
Miss Marple remercia et avança la main pour donner la lumière.
— Pas là ! dit Bunch. L’interrupteur est sur le fil... Attendez ! Je vais enlever ces fleurs. Elles sont gênantes.
Elle tenait à la main le petit vase qui contenait des roses d’hiver, quand Tiglah Pileser, la queue hérissée, lui donna un méchant coup de patte sur l’avant-bras. Quelques gouttes d’eau tombèrent sur le fil, à l’endroit même où il avait été attaqué par Tiglah Pileser, qui, son coup fait, avait sauté sur le plancher.
Miss Marple pressa l’interrupteur. Il y eut sur le fil une étincelle, accompagnée d’un petit grésillement.
— Ça y est ! Les plombs ont sauté... et je parie que nous n’avons plus de lumière nulle part ! Tout est sur le même circuit. C’est idiot, mais c’est comme ça ! Et ça a brûlé la table ! Sale petite rosse ! Tout ça, c’est ta faute ! Qu’est-ce qu’il y a, tante Jane ? Vous avez eu peur ?
— Non, ce n’est rien ! Simplement, je viens de voir quelque chose que j’aurais dû voir il y a longtemps...
— Je vais aller remettre les plombs et chercher la lampe de Julian dans son bureau.
— Mais non, ma chérie ! Vous manquerez votre car. Je n’ai pas besoin de lumière. Je serai très bien dans le noir pour réfléchir. Dépêchez-vous ! Sinon, vous allez le rater !
Bunch partie, miss Marple ne bougea pas pendant quelques instants. Puis, attirant à elle une feuille de papier, elle écrivit dessus un premier mot – lampe – qu’elle souligna deux fois.
Peu après, elle en traçait un autre.
Puis un autre...
2
Dans le living-room des Boulders, bas de plafond et plutôt sombre, miss Hinchliffe et miss Murgatroyd discutaient.
— L’ennui avec toi, Amy, disait miss Hinchliffe, c’est que tu ne veux jamais essayer !
— Mais puisque je te répète que je ne me rappelle rien !
— Parce que tu ne veux pas réfléchir convenablement ! C’est ce que nous allons faire maintenant. Jusqu’à présent, nous n’avons pas été brillantes et, en ce qui concerne la porte, je me suis lourdement trompée. Réflexion faite, tu n’as pas eu besoin de la tenir ouverte pour l’assassin et, je le déclare solennellement, tu es innocente !
Miss Murgatroyd eut un sourire contraint.
— Le malheur, c’est que nous avons la seule femme de ménage du pays qui ne soit pas bavarde. Généralement, je m’en félicite, mais, pour une fois, je le déplore. Tout le monde sait depuis longtemps qu’il y avait une seconde porte et nous l’avons, nous, appris hier seulement.
— Je ne vois pas en quoi...
— C’est tout simple ! Notre raisonnement original n’était pas mauvais : on ne peut pas, en même temps, tenir une porte ouverte, brandir une torche électrique et tirer des coups de revolver. Nous avons retenu le revolver et la torche. Là, nous nous sommes trompées. Ce qu’il fallait écarter, ce n’était pas la porte, mais le revolver.
— Pourtant, il avait bien un revolver ! Je l’ai vu. Il était par terre, à côté de lui...
— A ce moment-là, il était mort ! Ce n’est pas lui qui a tiré.
— Alors, qui est-ce ?
— C’est ce que nous allons trouver. Qui que ce soit, nous savons que c’est cette même personne qui a essayé d’empoisonner Letty Blacklock... et assassiné la pauvre Dora Bunner. Donc, ce n’est pas Rudi Scherz, depuis longtemps retiré de la circulation. C’est quelqu’un qui se trouvait dans le salon, le soir du « hold-up », et qui devait y être encore pour l’anniversaire de Dora. Ce qui élimine une personne, et une seule, Mrs. Harmon.
— Tu crois donc que ces aspirines empoisonnées ont été mises dans le flacon qui était sur la table de nuit de Letty, le jour de l’anniversaire de Dora ?
— Pourquoi pas ?
— Mais comment aurait-on fait ?
— Tout le monde est allé aux lavabos, non ? Est-ce que je ne suis pas allée me laver les mains dans la salle de bain, après ce gâteau qui les avait rendues poisseuses ? Est-ce que la chère petite Mrs. Easterbrook n’est pas allée se repoudrer le museau dans la chambre de Letitia ?
— Oh ! Hinch ! Tu ne crois pas qu’elle...
— Je n’en sais rien encore. Si c’est elle, elle a mal manœuvré, car la prudence lui commandait de s’arranger pour se rendre dans la chambre de Letty sans que personne la vît. Je le répète, les occasions n’ont pas manqué...
— Mais les hommes ne sont pas montés au premier étage !
— Il y a un escalier sur le derrière de la maison et tu n’as pas suivi ces messieurs pour t’assurer qu’ils se rendaient bien où tu le pensais. Ce n’aurait pas été très correct ! Et puis, je t’en prie, Murgatroyd, ne discute pas ! Pour commencer, nous nous occupons du « hold-up ». Fais attention, parce que tout dépend de toi !
Miss Murgatroyd avait l’air navrée.
— Rassure-toi ! Il ne s’agit pas d’un effort intellectuel, il s’agit seulement de ce que tes yeux ont vu !
— Mais je n’ai rien vu !
— Je te répète, Amy, que ton tort, c’est de ne jamais vouloir essayer ! Quelle qu’elle soit, la personne qui en veut à la vie de Letitia était ce soir-là dans le salon. Elle a huilé les gonds de cette fameuse seconde porte, que tout le monde croit condamnée. Ne me demande pas quand elle l’a fait, ça ne ferait que nous embrouiller ! En choisissant mon heure, je me flatte d’entrer dans n’importe quelle maison de Chipping Cleghorn et d’y demeurer pendant une demi-heure, sans que personne ne s’en aperçoive. Cette porte s’ouvrira sans faire le moindre bruit. Le plan des opérations, le voici : les lumières s’éteignent, la porte A, la « vraie », s’ouvre brusquement et Scherz fait son petit numéro de torche. Pendant que nous sommes tous là à ouvrir de grands yeux, X – c’est la meilleure façon de le désigner – sort tranquillement par la porte B, arrive dans le vestibule plongé dans l’obscurité, vient se placer derrière cet imbécile de jeune Helvète, tire deux coups de feu sur Letty et, ensuite, abat le Suisse. Puis, X laisse tomber son revolver par terre, convaincu que, par paresse d’esprit, nous ne manquerons pas de penser que la fusillade est à porter au crédit de Scherz. Après quoi, X regagne le salon et il y a beau temps qu’il est là – je dis « il », mais c’est peut-être « elle » — quand le premier briquet se décide à fonctionner. Tu saisis ?
— Oui, mais... cet X, qui était-ce ?
— Si tu ne le sais pas, Murgatroyd, personne ne le sait, je te l’ai déjà dit !
— Moi ?
Miss Murgatroyd avait l’air affolée. Elle dit encore :
— Je te jure, Hinch, que je ne sais rien ! Absolument rien !
— Parce que tu ne veux pas te servir de cette espèce d’éponge que tu appelles ton cerveau ! Voyons, commençons par le commencement ! Où étais-tu quand la lumière a disparu ?
— Je ne sais pas.
— Allons donc ! Tu étais derrière la porte.
— Tu as raison... J’étais derrière la porte... Quand elle s’est ouverte, elle a même cogné sur mon cor...
— Tu étais derrière la porte. Moi, j’étais appuyée au manteau de la cheminée, me demandant si on se déciderait à nous donner à boire. Letty Blacklock était près de la table, entre le grand et le petit salon, en train de s’occuper des cigarettes. Patrick Simmons était dans le petit salon, là où se trouvaient les liquides. D’accord ?
— Tout ça, je m’en souviens.
— Parfait. Il y a quelqu’un, j’en suis sûre, qui avait suivi Patrick dans le petit salon ou qui se disposait à le faire. Un des hommes, mais je ne saurais dire lequel. Était-ce Easterbrook ou Edmund Swettenham ? Tu ne te rappelles pas ?
— Ma foi, non !
— Le contraire m’aurait surprise ! Il y avait aussi quelqu’un qui se rendait vers le petit salon : Phillipa Haymes. Je m’en souviens nettement, parce qu’à ce moment-là j’ai remarqué qu’elle se tenait bien droite et me suis dit que, sur un cheval, elle ne manquerait pas d’allure. Elle se dirigeait vers la cheminée du petit salon quand l’électricité s’est éteinte. Résumons-nous ! Nous avons, dans le petit salon, Patrick Simmons, Phillipa Haymes et le colonel ou Edmund Swettenham. Il y a donc de fortes chances, Murgatroyd, pour que ce soit l’un des trois qui ait fait le coup. Puisqu’il fallait sortir de la pièce par la porte prétendument condamnée, il y avait intérêt à être tout près de cette porte à l’instant où l’obscurité se ferait. Il est donc probable que le coupable que nous cherchons est un de ces trois-là. Dans ce cas, tu ne peux rien nous apprendre.
Miss Murgatroyd ne pouvait rien entendre qui lui fût plus agréable : elle sourit.
— Mais, poursuivit miss Hinchliffe, il se peut aussi que ce ne soit pas un de ces trois-là... et c’est là que tu peux nous être utile.
— Mais comment ?
— Tu ne te rends donc pas compte, Amy, que, de tous ceux qui étaient là, tu étais la seule à pouvoir voir quelque chose ? Tu étais derrière la porte et celle-ci te masquait la torche qui nous aveuglait. Tu regardais vers l’intérieur de la pièce et, toi, tu pouvais voir !
— Seulement, je n’ai rien vu ! La lumière de la torche tournait autour du salon...
— Et elle t’a bien montré quelque chose ! Elle s’est bien arrêtée sur des visages ? Sur des meubles...
— Oui... Effectivement, j’ai aperçu miss Bunner, la bouche grande ouverte, écarquillant les yeux...
— Nous y sommes ! s’écria miss Hinchliffe, avec un soupir de soulagement. Tu es sur la bonne voie ! Continue !
— Mais c’est tout ce que j’ai vu !
— Alors, la pièce était vide ? Tu n’as pas vu des gens debout et d’autres assis ?
— Ah ! si... Mrs. Harmon était sur le bras d’un fauteuil. Elle avait les yeux fermés et elle se pressait les deux poings sur les joues...
— Bravo ! En voilà toujours deux qui sont situées ! Tu dois bien voir, maintenant, où je veux en venir ? La difficulté vient seulement de ce que je ne voudrais pas te mettre des idées dans la tête... Quand nous aurons éliminé ceux que tu as vus, nous nous occuperons des autres, ceux que tu n’as pas vus ! Ce sont ceux-là surtout qui nous intéressent. Tu saisis ? Dans cette partie du salon, il y avait un certain nombre de gens : Julia Simmons, Mrs. Swettenham, Mrs. Easterbrook, le colonel ou Edmund Swettenham, Bunch Harmon et Dora Bunner. Ces deux-là, tu les as vues. Rayons-les de la liste ! Et réfléchis ! Des autres, quel est celui ou celle qui n’était pas là ?
Miss Murgatroyd ferma les yeux pour mieux se concentrer. A ce moment, la sonnerie du téléphone se déclencha. Miss Hinchliffe alla à l’appareil.
— Allô ! oui... Vous dites ? Le commissariat ?
Miss Murgatroyd, les paupières closes, revivait par la pensée la soirée du 29. Ses lèvres murmuraient des noms. Très bas, elle dit, pour elle-même. :
— Ça, par exemple. C’est extraordinaire !
Au téléphone, miss Hinchliffe, un instant silencieuse, donnait libre cours à son indignation.
– Alors, elle est là depuis ce matin et c’est maintenant qu’on me prévient ? Vous pouvez être sûrs que vous entendrez parler de la Société protectrice des Animaux !... Un oubli ? Vraiment ?
Furieuse, elle mit fin brusquement à la communication. C’est la chienne ! expliqua-t-elle. Elle est au commissariat depuis ce matin, huit heures, on ne lui a même pas donné une goutte d’eau et ces imbéciles-là n’ont pas eu l’idée de nous téléphoner plus tôt ! Je vais la chercher.
En coup de vent, elle quitta la pièce.
— Attends une minute ! s’écria miss Murgatroyd. Il y a quelque chose d’extraordinaire, quelque chose que je ne comprends pas...
Miss Hinchliffe était déjà dehors, se dirigeant vers la remise qui servait de garage.
— Nous reprendrons ça quand je reviendrai ! cria-t-elle de loin à son amie. Je t’emmènerais bien, mais tu es encore en pantoufles. Comme toujours !
— Mais, Hinch, c’est important ! Il faut que je te dise...
— Tout à l’heure !
La voiture démarrait.
Miss Murgatroyd, debout sur le seuil, dit encore :
— Mais, Hinch, elle n’était pas là...
Miss Hinchliffe entendit, mais la voiture déjà s’éloignait vers la route.
3
Miss Murgatroyd était encore sur le pas de la porte quand l’orage creva.
Dès les premières gouttes de pluie, miss Murgatroyd, sans une hésitation, courut vers le linge qu’elle avait mis à sécher au fond du jardin.
Elle était en pleine besogne quand elle entendit quelqu’un approcher. Elle tourna la tête et sourit.
— Bonjour !... Rentrez donc ! Vous allez vous faire tremper !
— Vous ne voulez pas que je vous dorme un coup de main ?
— Si ça ne vous ennuie pas, c’est volontiers !... Dire que ma lessive était presque sèche !
— Voici votre écharpe... Je vous la mets autour du cou ?
— Si vous voulez... Merci. Je voudrais bien...
Autour du cou, l’écharpe se serrait...
Miss Murgatroyd n’acheva pas sa phrase. Sa bouche s’ouvrit, mais il n’en sortit qu’une espèce de râle.
Miss Murgatroyd plia les genoux...
4
Revenant du commissariat, miss Hinchliffe arrêta sa voiture en cours de route pour prendre à bord miss Marple, qui pressait le pas sous la pluie.
— Venez boire le thé avec nous ! dit-elle à la vieille demoiselle. J’ai aperçu Bunch qui attendait le car et, si vous rentrez maintenant, vous serez toute seule au presbytère. Nous sommes en train, Murgatroyd et moi, de procéder à un petit travail de reconstitution qui vous intéressera. Faites attention à la chienne ! Elle est de mauvais poil...
— Ça ne l’empêche pas d’être splendide.
— Une belle bête, hein ?... Et elle est prisonnière depuis ce matin, huit heures !
La voiture fit une entrée tumultueuse dans la petite cour des Boulders, au grand effroi des poules et des canards. Les deux femmes descendirent et se dirigèrent vers la villa.
— J’espère, miss Marple, que vous n’êtes pas trop mouillée ?
— Non. J’ai un imperméable excellent.
— Je vais allumer le feu, si Murgatroyd ne l’a pas fait. Allô, Murgatroyd !... Où diable est-elle passée ?... Et où est la chienne ? Cutie ! Cutie !
Du dehors, un aboiement répondit.
— Saleté de bête ! s’écria miss Hinchliffe, retournant à la porte.
La chienne était au fond du jardin, près du linge tendu sur le fil. Elle semblait fouiller du museau un paquet de vêtements posé par terre. Brusquement, relevant la tête, elle se mit à hurler.
— Qu’est-ce qu’elle a donc ? murmura miss Hinchliffe.
Prise d’un sombre pressentiment, elle courut vers la bête. Fort inquiète, elle aussi, miss Marple la suivit et les deux femmes arrivèrent ensemble près du corps qui gisait sur le sol. Le visage était bleu et la langue sortait hors de la bouche.
Miss Hinchliffe se raidit.
— Celle qui a fait ça, dit-elle d’une voix calme, je la tuerai, si je lui mets la main dessus !
— Celle ?
Miss Hinchliffe tourna vers la vieille demoiselle un visage ravagé de douleur.
— Oui... Le coupable, je le connais... ou peu s’en faut... Il n’y a que trois possibilités...
Un moment encore, elle resta là, les yeux sur la morte. Puis, elle se dirigea vers la villa.
— Nous allons appeler la police, dit-elle, et, en l’attendant, je vous raconterai... Si Murgatroyd a été tuée, c’est un peu ma faute...
Le commissariat prévenu, elle revint à miss Marple, à qui elle résuma brièvement ce qui fut son dernier entretien avec la pauvre Murgatroyd.
— Au moment où je m’en allais, dit-elle en terminant, elle m’a rappelée... et c’est pour cela que je sais que l’assassin est une femme. Si seulement j’avais attendu ! Si je l’avais écoutée !
— Vous n’avez rien à vous reprocher. On ne peut pas prévoir...
— Non, bien sûr ! Elle devait être dehors... Elle était venue nous voir, probablement, et elle nous a entendues, discutant à nous égosiller... Elle aura tout entendu...
— Vous ne m’avez pas encore dit ce que votre amie vous a crié quand vous partiez.
— Une seule phrase : « Elle n’était pas là !»
Après un silence, elle reprit :
— Vous voyez ce que ça signifie ? Il y avait trois femmes que nous n’avions pas encore éliminées : Mrs. Swettenham, Mrs. Easterbrook et Julia Simmons... Une de ces trois femmes n’était pas là... Elle n’était plus dans le salon parce que, passant par la porte « condamnée », elle avait gagné le vestibule.
— Je vois...
— L’assassin, c’est donc l’une d’elles ! laquelle ? Je l’ignore, mais je le saurai !
— Je vous demande pardon, dit miss Marple, mais cette phrase, miss Murgatroyd l’a-t-elle prononcée exactement comme vous venez de la dire ?
— Comment cela ?
— C’est assez difficile à expliquer ! Vous avez dit : «Elle n’était pas là ! », sans appuyer ni sur un mot, ni sur un autre. Or, on peut prononcer la phrase de trois façons différentes et lui donner par là trois sens différents. Si vous dites : « Elle n’était pas là ! » c’est sur la personne que vous attirez l’attention. Si vous dites : « Elle n’était pas là ! » vous semblez confirmer un soupçon qui vous est déjà venu. Mais si vous dites, et ce serait assez ce que vous venez de faire, « Elle n’était pas là ! » sans appuyer sur aucun mot, sauf peut-être sur le dernier, c’est encore un autre sens !
Miss Hinchliffe secoua la tête.
— A franchement parler, je ne me souviens pas !... Il me semble qu’elle a dit : « Elle n’était pas là ! », de la façon qui est, je pense, la plus naturelle, la plus normale, mais je n’oserais pas l’affirmer. Vous croyez vraiment que ça fait une différence ?
— Oui, répondit pensivement miss Marple. Ce n’est évidemment qu’une indication très vague, mais c’est une indication...